b) De nouvelles lois
En 1793, la Convention projette, en vain, l’obligation scolaire et la gratuité de l’enseignement. Cette idée avait été auparavant développée par Condorcet dans son Rapport et projet de décret sur l’organisation générale de l’instruction publique, prônant un système éducatif laïc avec une égalité entre les filles et les garçons devant l’instruction. Sous le premier empire Napoléon met en place une institution scolaire autonome pour l’enseignement secondaire et supérieur : c’est l’Université. Le primaire reste sous le contrôle de l’Eglise. C’est à partir de 1816 que chaque commune à l’obligation de dispenser d’un enseignement primaire.
François Guizot |
Un progrès est en train de ce mettre en place à cette époque au niveau de l’instruction. Les mentalités évoluent ainsi que le but de l’instruction dans la société. De ce fait, de nombreuses lois seront votée par la suite telle que celles de Ferry ou encore celles de Faure. Toutes ces lois aboutiront à l’organisation de l’école actuelle. Petit à petit, la place de l’Eglise n’existera pour ainsi dire plus dans le fonctionnement de l’instruction.
Dans l’esprit de républicains des années 1880, la consolidation du régime politique né en 1875 passe par l’instruction publique. En laïcisant l’école, ils veulent affranchir les consciences de l’emprise de l’Eglise et surtout fortifier la patrie française en formant des citoyens, toutes classes confondues, sur les mêmes bancs. Cette réorganisation de l’enseignement va exiger une réforme en deux temps.
Tout d’abord, pour libérer l’enseignement de l’influence de l’Eglise et des religieux, le gouvernement va créer des écoles normales, dans chaque département pour assurer la formation d’instituteurs laïcs destinés à remplacer le personnel congréganiste (loi du 9 août 1879). Par ailleurs, les personnes extérieures à l’enseignement et en particulier les représentants de l’Eglise, seront exclus du Conseil supérieur de l’instruction publique (loi du 27 février 1880). Enfin, la loi du 18 mars 1880 relative à la liberté de l’enseignement supérieure cherche à empêcher les membres des congrégations non autorisées à participer à l’enseignement, qu’ils soient public ou libre, primaire, secondaire ou supérieur. Cependant cette disposition est rejetée par le Sénat puis après par la Chambre des députés.
Cette première phase passée, les républicains poursuivent la mise en place d'une école laïque mais, pour diviser les résistances, ils fractionnent la réforme en deux temps. Ils commencent par prononcer la gratuité de l'école publique (loi du 16 juin 1881 établissant la gratuité absolue de l'enseignement primaire dans les écoles publiques) et exigent que les instituteurs obtiennent un brevet de capacité pour pouvoir enseigner dans les écoles élémentaires (loi du 16 juin 1881 relative aux titres de capacité de l'enseignement primaire). Ils affirment ensuite l'obligation, pour les enfants des deux sexes, de fréquenter l'école de 6 à 13 ans (loi du 28 mars 1882 sur l'enseignement primaire obligatoire).
Jules Ferry |
Les lois Ferry, à la base de la « République des instituteurs », ont pour conséquence une scolarisation quasi-complète — donc une alphabétisation et une « francisation » — des enfants français, s'inscrivant ainsi dans le projet des Lumières d'émancipation du peuple souverain.
L'enseignement est donné en français, diffusant ainsi à l'échelle du territoire national l'usage d'une même langue. Tout enseignement dans les langues locales (que ce soit le breton, l'auvergnat ou l'arabe et le kabyle en Algérie, annexée en 1848), qualifiées de «patois », était interdit. En ceci, l'école laïque, gratuite et quasi-obligatoire a été, avec la conscription, l'un des instruments essentiels de « nationalisation de la société » par l'État, ou encore de formation de l'État-nation français.
Edgard Faure |
*Pluridisciplinarité : Comme son nom l’indique, caractère de ce qui intègre plusieurs disciplines.